N° HS 2014 AFPA

Paul SANTELMANN

Transformations du travail et pédagogie en formation des adultes

Outre l’acquisition d’une certification professionnelle, la formation qualifiante des adultes a aussi comme objectif de consolider l’employabilité des actifs, c’est-à-dire leur capacité à transférer leurs savoirs pour évoluer professionnellement. D’une approche spécifique et techniciste des formations/métiers, il faut désormais mieux appréhender leur dimension propédeutique… Cette nouvelle donne réinterroge les façons d’analyser les processus d’apprentissage tirés de l’analyse du travail et les ingénieries de formation, dans le sens d’un enrichissement des référentiels de formation et des méthodes pédagogiques.

Marie-Charlotte BAILLY, Marc DURAND, Annie GOUDEAUX, Zoya HORCIK, Germain POIZAT

Analyse du travail et formation : une technologie innovante

Cet article propose une conceptualisation des relations entre travail et formation à partir de l’objet théorique « activité », une synthèse des modes d’exploitation de l’analyse du travail en formation, la proposition d’un programme technologique de formation qui associe recherche en analyse de l’activité et pratiques sociales de formation.

Christophe GUITTON

Le rôle de l’entreprise dans la professionnalisation des salariés : la situation des professions intermédiaires

Cet article vise à questionner le rôle de l’entreprise dans la professionnalisation des salariés, à partir d’une interrogation des deux vertus habituellement prêtées à la notion : articuler travail et formation dans la production des compétences individuelles ; mettre en évidence la dimension formatrice des choix organisationnels et gestionnaires des entreprises. Dans cette perspective, l’auteur traite successivement des déterminants de la professionnalisation, de ses sources internes à l’entreprise, et de la distinction entre pratiques et politiques de professionnalisation.

Philippe DENIMAL

Analyser le travail avec précision et pragmatisme

Entre la tentation d’une sorte de formalisation exhaustive du travail et la solution de facilité consistant à se contenter de descriptifs succincts, il importe de se rapprocher du réel pour disposer des éléments pertinents et utiles. Décrire des activités – des compétences traduites en action – permet d’affiner le regard porté sur les emplois en configurant de multiples situations de travail personnalisées, susceptibles de surcroît d’être reconnues et valorisées en termes de rémunération.

Thibaut BIDET-MAYER, Louisa TOUBAL

Formation professionnelle et industrie : le point de vue des acteurs de terrain

Comment adapter l’offre de formation aux besoins des entreprises industrielles ? La Fabrique de l’industrie, think tank présidé par Louis Gallois, a lancé sur son site internet une consultation ouverte à l’ensemble des parties prenantes (jeunes, salariés, acteurs de la formation, industriels…) afin d’identifier les facteurs de blocage du système et les leviers d’action pour y remédier. Cet article présente une synthèse des contributions reçues à ce stade.

Catherine GUILLAUMIN, Richard WITTORSKI

Situation professionnelle et alternance : un art de faire complexe

Cet article insiste sur la dimension processuelle de l’alternance et sur le rapport que le sujet entretient avec l’expérience qu’il déploie dans le dispositif. Les auteurs montrent les spécificités de l’alternance par rapport aux autres formes de professionnalisation, en énonçant les modèles successifs de l’alternance et en insistant sur l’utilité de penser, dans l’ingénierie de l’alternance, la formation comme processus. Ils interrogent ensuite la façon dont les « alternants » se transforment/se construisent en référence à des situations professionnelles.

Valérie GUILLEMOT, Jean-Louis BOUTTE, Michel VIAL, Fabrice FAIJAN

L’alternance, un dispositif d’accès à l’emploi durable : à quelles conditions ?

Un dispositif d’alternance entre deux contextes d’action – situation professionnelle dans une enseigne de la grande distribution, et situation de formation à l’AFPA – s’adresse à des salariés en reconversion professionnelle subie du fait d’une situation de handicap. Sont ici recherchées les conditions d’efficacité du dispositif. A l’acquisition des compétences nécessaires pour exercer un nouveau métier s’ajoute un processus d’identification aux professionnels de ce métier. Cette appartenance sociétaire à construire contribue au remaniement identitaire du sujet, dans la construction d’un projet de soi sur soi. Un cas de réussite et un cas d’échec sont présentés et interprétés à partir d’un cadre théorique qui mobilise les théories de la compétence et de l’alternance.

Nicole BARGES, Anne BOUTHRY

Co-analyser le travail pour co-évaluer les compétences

En s’appuyant sur leur expérience dans le champ de l’apprentissage, les auteures avancent l’hypothèse selon laquelle, pour chaque métier, une analyse formelle et sérieuse de l’activité devrait permettre de mettre en évidence des « concepts organisateurs », qui pourraient faire l’objet d’un travail collaboratif entre les trois acteurs impliqués, et être utilisés par le maître d’apprentissage et par le formateur comme point de départ de l’apprentissage du métier, et donc comme indicateur d’une évaluation ultérieure. Les outils et les pratiques centrés sur l’activité constituent en effet les fondements d’une possible co-évaluation formative dans les formations en alternance.

Patrick BESSOU

De l’expérience à l’apprentissage : le chemin vers la prise de conscience

L’objectif de l’auteur est de mettre à disposition des formateurs quelques éléments de connaissance concernant l’acquisition des compétences dans l’apprentissage en alternance. Il partage également une réflexion personnelle concernant le rôle d’accompagnement que joue le formateur dans les dispositifs en alternance, qui visent directement la production des compétences professionnelles.

Evelyne BOUVARD, Florence VIDAILLAC–GILBERT, Hervé NDINDI

Analyser son travail : produire du sens pour soi et pour les autres. Le cas des tuteurs-métiers chez Veolia

Cet article présente l’expérience de Veolia Propreté Nord-Normandie et du Campus Veolia Nord-Europe qui, dans le cadre d’une formation-action, accompagnent des collaborateurs à analyser leur travail, et par là même à renforcer leur identité, à gagner en expérience et à développer leurs compétences, ainsi que les compétences collectives de l’entreprise. Ce travail donne lieu à la production de guides de formation utilisés par les tuteurs pour former les collaborateurs suivant un parcours professionnel.

Chiara PACQUOLA, Bruno PACQUOLA

Le rapport travail-formation dans l’industrie de la chaussure.

L’article décrit l’expérience conduite par l’Ecole polytechnique de la chaussure pour améliorer l’efficacité du rapport formation-travail et légitimer le rôle formateur de l’entreprise. Des innovations dans les démarches d’ingénierie de formation et de vae, grâce à la construction d’un dispositif hybride de formation continue-vae collective, visent à assurer la transmission des savoirs expérientiels des seniors aux novices dans une entreprise italienne du groupe LVMH.

Isabelle PITOISET

La relation client, une compétence spécifique du chauffagiste

Prenant à contre-pied l’opinion répandue selon laquelle la compétence relationnelle ne s’apprend pas, l’article se focalise sur la compétence de relation client chez le chauffagiste intervenant au domicile de plus de mille clients par an. Cette compétence est oubliée dans les référentiels de formation. Une étude des situations de travail réalisée dans des entreprises de chauffage a permis de dégager la structure conceptuelle de la situation de dépannage à domicile. L’article propose des supports didactiques pour intégrer cette compétence spécifique et technique du métier dans les formations initiales.

Guillaume DEMONT

Analyse du travail et secret professionnel sont-ils compatibles ?

Un exemple d’analyse du travail des officiers supérieurs de l’armée française

L’analyse du travail implique que le chercheur ou le didacticien pénètre dans le monde professionnel pour recueillir les pratiques professionnelles et les analyser. Cependant, un certain nombre de métiers, tenus au secret, ne peuvent rendre accessibles toutes leurs activités professionnelles. Pour approcher ces pratiques inaccessibles, l’auteur propose une méthode d’entretien, l’alterconfrontation, qui sollicite la parole d’un professionnel face à un film sur le travail, un film d’entreprise ou un film documentaire.

Jean-François MÉTRAL

Du travail en situation de formation au potentiel d’apprentissage des situations de formation par le travail

Cet article décrit différentes manières dont « l’objet travail » est intégré dans deux dispositifs de formation professionnelle initiale préparant de jeunes adultes à un brevet de technicien supérieur en industries agroalimentaires. Il en examine les conséquences sur le potentiel d’apprentissage de leur première rencontre avec le travail au cours de leurs stages en entreprise. A travers le cas de deux étudiants, il montre comment la place du travail en formation affecte leur pouvoir d’agir en situation de stage et, de là, ce que les tuteurs leur confient et ce que les stagiaires peuvent apprendre au cours de leur période en entreprise.

Pascal SIMONET, Nadine POUSSIN

La socialisation des gestes de métier : un enjeu de santé au travail qui interroge la formation

La prévention des troubles musculo squelettiques (TMS) se concrétise souvent par l’organisation de formations « gestes et postures » qui visent à éliminer les « mauvais gestes » pour transmettre et prescrire les « bons gestes ». Ces formations partent de l’hypothèse selon laquelle le professionnel court le risque de contracter un TMS par défaut de connaissances des bonnes pratiques, et que le geste de métier se transmet de manière directe au professionnel par un expert sachant, extérieur au métier. L’article montre qu’une autre voie est envisageable en matière d’examen des liens entre activité, formation des gestes et santé au travail. Les auteurs s’appuient sur une intervention dans le métier de fossoyeur organisée à partir du cadre méthodologique « clinique de l’activité » en psychologie du travail.

Martine POULIN

Quand le travail donne sens à la relation formation-expérience

En s’inspirant de la didactique professionnelle, l’auteure soutient l’idée que l’analyse de l’activité est un moyen d’étayage des problématiques liées à la professionnalisation des personnels : pour eux, elle est un moyen de se constituer comme profession ; pour les organisations, elle est un moyen de développer flexibilité et efficacité ; pour les milieux de formation, elle est un moyen de développer des savoirs et des compétences. Mais on peut aussi se demander quels sont les effets de l’organisation et des formations sur la transformation des métiers. Sans répondre ici à cette question, l’article propose quelques pistes à investiguer.

Sylvie FAISANDIER, Grégory BOUADROUNE, Gilbert MORLET

Exporter des connaissances : un nouveau challenge pour former aux métiers des technologies de pointe

L’article présente le retour d’expérience d’une mission menée dans un groupe industriel français. Sa demande était de rendre didactiques les connaissances des métiers d’un process innovant à dupliquer dans des pays sud-américains afin de former une centaine de collaborateurs locaux. La mission a consisté à développer une école de formation par alternance. La transmission théorique s’est appuyée sur des modules construits sur la base d’extractions de connaissances auprès d’experts du process. La transmission pratique s’est organisée autour d’un parcours de consolidation des connaissances transmises dans les modules, en situation de travail.

Christine LAGABRIELLE, Dominique POUCHARD

La vae, une dynamique formative et professionnelle dans l’entreprise ?

Un contexte économique incertain a incité une grande entreprise industrielle à mettre en place, avec le soutien de l’afpa, un dispositif de validation des acquis de l’expérience destiné à ses salariés les moins qualifiés. Afin d’évaluer les répercussions en termes de bénéfices individuels et collectifs, une recherche a été conduite dont les résultats indiquent que la vae pourrait être envisagée comme un moteur favorisant l’inscription dans un itinéraire formatif et professionnel. Elle apparaît également comme une source d’apprentissage et de reconnaissance de compétences jusque-là perçues comme inaccessibles.

Solveig FERNAGU OUDET

Agir collectif et environnement capacitant

Dans toute mobilisation de compétences, interagissent des dimensions individuelles et socio-organisationnelles qui montrent que les compétences relèvent de responsabilités partagées entre les individus qui les mobilisent et les situations dans lesquelles elles sont mobilisées. S’il existe un trait d’union entre formation et travail, il en existe également un entre organisation et travail. Certaines organisations du travail vont dès lors se montrer plus nourricières que d’autres, offrant plus d’opportunités et d’occasions d’apprentissages aux individus, de développement de leur savoir agir. En s’appuyant sur l’approche par les capacités d’Amartya Sen, et sur l’idée d’environnement capacitant, l’auteur illustre sa thèse à travers une recherche portant sur un dispositif collectif d’organisation du travail.