2006-3
L’autoformation : actualités et perspectives
8,00 €
Gaston PINEAU
Moments de formation de l’autos et ouvertures transdisciplinaires
L’évolution de la recherche en autoformation est abordée dans la dynamique paradigmatique du processus bachelardien de dialectisation, selon lequel la surcharge de sens d’un concept-clé ne peut s’actualiser que par une tension conflictuelle forte entre des moments de déformation et d’autres de reformation. La recherche en autoformation est une recherche jeune en termes d’âge, d’état institutionnel et conceptuel. La réunion du préfixe auto et du substantif formation l’a fait naître hors de la recherche normale et même contre elle. Actuellement, elle est aux prises avec une différenciation interne de concepts en voie d’émergence. A-t-elle suffisamment de sens et de souffle pour « former un axe de pensée inventive », un champ de recherche spécifique ? L’article se termine par une présentation de recherches transdisciplinaires de différents niveaux (socio-interactif, réflexif, paradigmatique) qui tentent d’actualiser la révolution cachée portée par le petit préfixe auto en formation.
Philippe CARRÉ
Portée et limites de l’autoformation dans une culture de l’apprenance
Depuis la fin du XXe siècle, les grands messages politiques et sociopédagogiques sur la formation, diffusés par les instances supranationales, européennes et nationales, rencontrent les conclusions de nombreuses recherches en pédagogie des adultes et en psychologie des apprentissages autour de l’émergence graduelle d’une nouvelle culture de la formation. Pour l’auteur, cette culture nouvelle s’illustre dans la notion d’apprenance, centrée sur les mécanismes d’appropriation et d’engagement du sujet, notion qui viennent relayer les modèles précédents de la formation, centrés sur l’intervention et la transmission. Dans cette nouvelle culture, les pratiques d’autoformation prennent une nouvelle dimension. Après avoir décrit les figures sociétales sur lesquelles s’adosse la notion d’apprenance, cet article s’attache à démontrer que l’essor des pratiques d’autoformation au coeur de cette nouvelle culture est objet d’enjeux idéologiques, économiques et pédagogiques qui rendent la réflexion scientifique et éthique sur ce thème plus nécessaire encore qu’hier.
Cristian BOTA, Ecaterina BULEA, Jean-Paul BRONCKART
L’épistémologie nébuleuse de l’autoformation
À en croire les discours de ses promoteurs, l’autoformation semble être la terre promise de la formation des adultes, oeuvrant à l’autonomisation et à la responsabilisation des « sujets sociaux apprenants ». Or, il est aujourd’hui pour le moins difficile d’attribuer un contenu cohérent à la notion d’autoformation, dont la substance s’accroît exponentiellement et irrégulièrement avec chaque auteur. Cet article interroge le statut et l’intérêt de cette problématique pour les sciences de l’éducation, ainsi que la pertinence des cadres théoriques mobilisés pour « modéliser » les phénomènes visés. Les auteurs évoquent quelques jalons de la constitu tion des recherches dans le domaine ; ils décrivent ensuite les prises de position implicites sur des questions centrales pour toute démarche de connaissance et de formation de l’humain. Puis ils analysent les conceptions scientifiques sollicitées pour légitimer le bien-fondé de ces mêmes recherches. Ils présentent enfin leur propre conception du développement et de la formation, et se prononcent sur le statut et sur la place de la dimension auto dans le concert des sciences de la formation.
Pascal GALVANI
L’exploration des moments d’autoformation : prise de conscience réflexive et compréhension dialogique
Cet article a pour objectif de montrer l’unité épistémologique et méthodologique des différentes méthodes réflexives relevant de l’autoformation. La démarche d’autoformation par la recherche sur l’expérience est caractérisée par la prise de conscience réflexive et la mise en dialogue des interprétations. L’autoformation est ici abordée comme un processus existentiel complexe qui implique une posture transdisciplinaire pour articuler ces dimensions théoriques, pratiques et symboliques. Une démarche d’exploration phénoménologique et herméneutique des moments d’autoformation est finalement proposée pour approfondir le processus de prise de conscience.
Nicole A. TREMBLAY, Jérôme ENEAU
Sujet(s), société(s) et autoformation : Regards croisés du Québec et de France
Les études systématiques de l’autoformation comme stratégie de maintien et de développement de ses compétences à l’âge adulte ont clairement démontré qu’un individu placé en situation d’autoformation n’est pas seul pour apprendre. Au contraire, sujet et environnement social sont en étroite interaction. En raison de la multiplicité des réseaux qui participent au processus d’autoformation, la notion même de cité éducative, au sens sociologique du terme, prend ainsi toute sa valeur. Cet article a pour objectif d’analyser le poids relatif de l’individu, de son environnement et du contexte sociopolitique dans lequel il s’inscrit, pour étudier les rapports actuels entre sujet(s) et société(s) face à l’autoformation. Pour ce faire, les auteurs analysent les écrits fondateurs de l’éducation des adultes dans lesquels la notion d’autonomie est souvent citée, ainsi que des principales productions de recherche sur l’autoformation, dans un regard croisé franco-québécois.
Jean-Pierre BOUTINET
L’adulte et son autoformation : un sujet, un individu ou une personne ?
A la différence de l’hétéroformation, les situations d’autoformation concernent directement la vie adulte mais des glissements sémantiques gomment facilement la posture de l’adulte en autoformation pour lui substituer dans les discours tenus des équivalents sémantiques sources d’approximations, notamment sujet, individu, personne. En s’appuyant sur de telles approximations, la présente contribution propose une grille de lecture de l’adulte en autoformation comme relevant simultanément du sujet, de l’individu, de la personne, un sujet clivé, un individu confronté à un dilemme, une personne en synthèse provisoire de son parcours biographique. Comment donc l’adulte en autoformation va-t-il assumer sa responsabilité conjointe de sujet, d’individu, de personne ? Telle est l’interrogation terminale à laquelle parvient la communication.
Hélène BÉZILLE
Autodidactes, autodidaxie, autoformation : quel sujet apprenant dans quelle société ?
Les conceptions du sujet convoquées dans les recherches en éducation et formation sont bien souvent implicites et peu interrogées. Il est d’ailleurs difficile, dans la langue française, de nommer, de désigner, et donc de conférer une existence à ce « sujet apprenant ». Dans ce paysage peu habité, la figure de l’autodidacte s’impose en mettant en scène les aventures du sujet apprenant de façon autonome. Elle bouscule en interrogeant les formes légitimes d’apprentissage, le pouvoir de la forme scolaire et les limites de ce pouvoir, et les conceptions de l’apprentissage produites dans ce cadre. Au-delà de ce dérangement, l’exploration de cette figure et de ses transformations, liées aux transformations des institutions éducatives et plus largement de la société, conduisent à en souligner l’actualité : actualité d’un sujet invité à mettre en intrigue dans une certaine solitude les scénarios de son devenir, invité à se construire comme héros de son histoire. Actualité également d’un sujet qui renonce à la programmation de son apprentissage par un tiers et expérimente des formes d’apprentissage diverses. Un sujet qui met alors en scène les « arts de faire » du sujet apprenant, dans un certain rapport à soi-même et à l’environnement, qui le conduisent à s’autoformer en intégrant dans son cheminement de formation des apprentissages produits au sein de formes sociales d’apprentissage diverses (école, lieu de vie, travail…).
Annie JÉZÉGOU
La recherche de flexibilité en formation : conceptions et usages de l’autoformation
L’auteur propose tout d’abord un rapide retour sur le passé pour clarifier les enjeux socio-économiques majeurs liés à la recherche de flexibilité en formation. Il montre que cette recherche de flexibilité entretient des liens étroits avec l’affirmation progressive de l’autoformation en milieu éducatif institué. Ensuite, il montre que la montée en puissance de l’individualisation de la formation et les environnements pédagogiques médiatisées a contribué à l’ancrage durable de deux grandes conceptions de l’autoformation et des usages qui en sont faits encore aujourd’hui. Enfin, l’auteur donne une nouvelle clé de lecture de la flexibilité en formation et de ses liens avec l’autoformation.
Nathalie LAVIELLE–GUTNIK
Le sujet social en autoformation ou l’autoformation comme figure de l’accompagnement
Cet article se propose d’analyser le vécu de sujets en situation d’autoformation institutionnalisée dans le cadre d’ateliers de pédagogie personnalisée. Après avoir abordé l’autoformation en tant qu’offre et demande sociale d’intervention relevant d’une culture d’action de l’accompagnement, l’article montre comment les sujets individuels ont développé collectivement des moyens de subvertir l’injonction « à devenir soi-même comme les autres » de part la mise en oeuvre d’une « stratégie identitaire de type personnologique capacitaire ». Cette inférence ouvre, enfin, sur un questionnement relatif à la construction identitaire des sujets et à leur processus de socialisation.
Isabelle COLLET, Nicole MOSCONI
Genre et autoformation : le cas de l’informatique
En utilisant l’informatique comme révélateur, cet article se propose de montrer que les hommes et les femmes ont souvent un rapport différent à la formation et à l’autodidaxie. L’informatique valorise fortement les apprentissages autodidactes. A travers des interviews d’informaticien(ne)s, les auteures montrent à quel point l’autodidaxie se mêle à un fantasme d’auto-engendrement chez certains hommes, alors que les femmes ne reconnaissent pas leurs apprentissages autodidactes comme tels, ou du moins, n’éprouvent pas le besoin de les mettre en avant.
Didier PAQUELIN
Autoformation et dispositif de formation ouverte : co-émergence médiée de la forme
Cet article analyse l’exercice de la liberté du sujet dans un ensemble de ressources et de contraintes contenues dans un dispositif de formation ouverte. Après avoir rappelé l’invitation faite au sujet de participer à la coconstruction d’une forme structurante de son autodirection, l’article traite des relations du sujet apprenant à des tiers. Ces relations sont décrites par les fonctions qu’elles assurent et par les acteurs qui y participent. Cette contribution insiste sur cette dynamique singulière de coconstruction qui est à la fois la condition et le produit de l’autoformation.
Claude DEBON
Autoformation et modèles pédagogiques repérables dans les formations médiatisées
L’article centre le regard sur les processus d’autoformation en œuvre dans les formations utilisant les technologies numériques en examinant les approches pédagogiques qui s’y inscrivent. Il présente trois modèles pédagogiques pouvant être construits à partir de pratiques existantes, en dégageant les théories de l’apprentissage et de l’autoformation qui en ressortent. En final, l’analyse porte sur le rôle joué par les outils de médiatisation et de médiation que représentent les outils technologiques dans le développement d’une autoformation des différents acteurs qui participent au travail de la formation.
Nacira AIT–ABDESSELAM
L’autoformation, un nouveau modèle de référence
Cet article aborde les diverses significations que revêt l’autoformation. Les mutations profondes que connaît notre société, les transformations économiques obligent de plus en plus l’individu à un processus d’adaptation perpétuel. Devenir autonome, s’autoformer devient une nécessité pour tout individu désireux de se former et de s’en sortir. L’auteur développe longuement une conception existentielle de l’autoformation. Aussi s’agit-il d’une réhabilitation du sujet qui implique la notion de réflexivité. Le sujet se regarde penser, réfléchir sur ses propres actions en tentant d’adopter un sens critique à l’égard de ses capacités d’apprentissage.
Pascal CYROT
L’autodidacte est-il l’ingénieur de sa propre formation ?
L’autodidacte que le sens commun considère en général à tort comme caractérisé par son isolement est aussi souvent vu comme un auto-apprenant guidé par le hasard et l’anti-méthode. Mais, cette image lui correspond-elle bien ? Ne peut-on pas, au contraire, l’envisager comme un ingénieur de sa propre formation ? C’est à cette question que l’article tentera de répondre. Ainsi, illustré par de nombreux matériaux biographiques, il débouchera sur le constat que les apprentissages autodidactiques semblent réellement portés par une « intelligence » de la formation.
Pierre PASTRÉ
Apprendre par l’action, apprendre par la simulation
La didactique professionnelle étudie le rôle de l’analyse du travail dans la formation des compétences professionnelles, c’est à ce titre qu’elle s’est intéressée à l’apprentissage à l’aide de simulations. En vérité, quand on cherche à voir comment on utilise des simulations pour apprendre, on découvre beaucoup de choses sur l’apprentissage professionnel en général. L’auteur propose donc de faire une revue de la question, en insistant non pas sur les objets mais sur les démarches d’apprentissage, et en présentant cette revue comme un voyage, qui décrit les différentes étapes qui ont été parcourues
2022-4
Formation, coopération, émancipation. Expériences en économie sociale et solidaire
21,50 € – 23,00 €
2021-3
Didactique professionnelle et didactiques des disciplines. Filiations et ruptures
21,50 € – 23,00 €
2019 HS AFPA
Partir des compétences transversales pour lire autrement le travail
12,00 €
2018 HS AFPA
Le conseil en évolution professionnelle : rupture ou continuité ?
12,00 €
2015 HS AFPA
Quelles pratiques pédagogiques dans l’accompagnement des publics peu qualifiés ?
12,00 €