N°177

Françoise F. LAOT

Histoire de la recherche en formation d’adultes en France, 1960-2000

Il est possible de dater précisément la reconnaissance officielle de la recherche en formation d’adultes au début des années 1960, au moment où l’État commence à s’intéresser de près au sujet par le biais de sa politique de promotion. Cet article propose de revenir sur l’histoire de son développement chaotique, notamment à partir des travaux du « Complexe de Nancy », considéré alors comme le « pôle d’excellence » de la recherche en formation jusqu’au début des années 1970. Par la suite, cette recherche s’éparpille dans différents lieux de production. Un état de la production sur la deuxième période, jusqu’en 2000, à partir des recherches et des thèses s’intéressant à la formation, débouche sur le constat d’un développement, réel mais très lent et peu coordonné, de la recherche en formation d’adultes.

Catherine AGULHON

La formation dans les recherches en sciences humaines : une place à conquérir

On assiste au renouvellement des politiques de formation depuis vingt-cinq ans, en lien avec la montée du chômage, d’une part, et avec la décentralisation, prémices de la construction de systèmes de formation régionaux et différenciés, d’autre part. Facteur de promotion sociale, la formation devient une variable d’ajustement structurel face aux problèmes d’emploi ; elle participe ainsi de la transition professionnelle des jeunes. Quelle place occupe-t-elle dans la littérature scientifique ? Peut-elle s’instituer en champ de recherche autonome ?

Damien BROCHIER

Le Céreq, une balise pour la recherche en formation des adultes

Le Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Céreq) est né en 1971, au même moment que la loi à l’origine du développement du système français de formation continue. Depuis plus de trente-cinq ans, il représente une balise pour les acteurs de la recherche en formation d’adultes, en déployant son expertise sur trois objets : l’implication des entreprises en matière de formation continue de leurs salariés ; le rapport des individus à la formation dans mais aussi hors du cadre professionnel ; enfin les nombreuses institutions qui organisent la gestion du système (OPCA, régions, organismes de formation, etc.).

Jean-Marie BARBIER

Les rapports entre recherche, action et formation : distinctions et articulations

Les recherches en formation/sur la formation, comme toutes les recherches correspondant à des champs de pratiques, font l’objet d’une demande sociale forte et d’un questionnement épistémologique persistant. L’auteur fait l’hypothèse qu’il importe de mieux distinguer ce qui fait la spécificité des démarches pour pouvoir ensuite mieux les articuler. Cet article est consacré à un triple travail de spécification : une caractérisation des champs de l’« action », de l’éducation et de la recherche, par leur produit et dans leurs rapports ; un repérage des activités coprésentes dans les actions de recherche ; une distinction de différentes formes sociales de la recherche. Il se termine par une approche de la polyfonctionnalité des dispositifs de recherche, et de la recherche comme outil de formation et de développement.

Yves CLOT

La recherche fondamentale de terrain : une troisième voie

Selon l’auteur, c’est autour du développement que doivent converger les stratégies d’action et les stratégies de recherche, même si on peut faire du développement d’activité sans faire de recherche. En matière de recherche, d’un point de vue vygotskien, le développement est à la fois l’objet et la méthode. D’une certaine manière, lorsqu’on provoque du développement dans l’action, indépendamment de toute recherche, on peut ensuite transformer les matériaux (la matière première de l’action) en objet de recherche. C’est pourquoi il n’est de recherche fondamentale que de terrain.

Mokhtar KADDOURI

Praticiens et chercheurs : litiges autour d’un qualificatif

L’objectif de cet article est d’analyser les enjeux de positionnement des praticiens à l’égard de la recherche et des chercheurs. Ces enjeux débordent le seul champ de la formation des adultes. La double question qui se pose est celle des conditions dans lesquelles on considère qu’un praticien fait de la recherche, et celle de la scientificité de la connaissance qu’elle produit. L’auteur aborde trois points : la caractérisation des pratiques de recherche et leur différenciation avec d’autres pratiques ; les objets de litiges entre praticiens et chercheurs ; les conditions dans lesquelles un praticien peut être considéré comme faisant de la recherche.

Marie-Noëlle SCHURMANS

L’approche compréhensive et qualitative dans la recherche en formation

Cette contribution part d’une réflexion épistémologique générale, en situant l’approche compréhensive dans le contexte de sa genèse et en exposant les spécificités de cette approche ainsi que ses articulations avec les problématiques développées dans la recherche en formation. L’article aborde ensuite les questions de méthode, en éclairant le processus de construction d’une démarche de recherche compréhensive et en abordant les ressources méthodologiques qui s’y insèrent.

Maude HATANO-CHALVIDAN

La recherche consacrée à la formation : une recherche interdisciplinaire ?

Dans la littérature scientifique consacrée à la définition d’un champ de recherche en, pour, par ou sur la formation, il n’est pas rare de lire que ces recherches et les savoirs qu’elles produisent sont interdisciplinaires, pluridisciplinaires ou encore transdisciplinaires. Pourtant, ces termes restent largement polysémiques et demeurent des objets de nombreuses discussions épistémologiques. Dans ces conditions, comment rendre compte de la spécificité dite interdisciplinaire ou transdisciplinaire de ce champ de recherche sans au contraire l’obscurcir ? Cet article développe une approche de l’interdisciplinarité en proposant des outils interprétatifs, des outils d’intelligibilité pour tenter de mieux définir les recherches dites interdisciplinaires dans et sur le domaine de la formation.

Pierre-Marie MESNIER, Philippe MISSOTTE

La recherche-action en formation d’adultes : une autre façon de chercher

après avoir proposé une première définition du concept – souvent flou et parfois peu légitime – de recherche-action, les auteurs essaient d’en dégager quelques caractéristiques fondamentales, puis de le situer comme modèle pédagogique dans le champ de la formation d’adultes issus, pour la plupart, des secteurs de l’intervention sociale. a travers une description précise des différents moments de ce processus spécifique, l’article s’attache à mettre en regard, à chaque étape repérée, les aspects propres à la recherche dite « académique » et ceux qui qualifient les données et les apports spécifiques de la recherche-action.

Louis DURRIVE

La formation professionnelle dans une perspective ergologique

Chaque fois que la formation professionnelle, préoccupée de nouer connaissances et compétences, s’interroge sur l’individualité qui apprend dans le but d’agir plus efficacement, la perspective ergologique présente pour elle un intérêt. Cette approche facilite la construction des points de vue des protagonistes d’une situation d’activité. Chacun se découvre et découvre l’autre comme un être doué d’un pouvoir normatif, capable de renormaliser, de s’approprier de nouveaux contenus à partir d’une meilleure perception de ses propres savoirs et savoirfaire, et de sa singularité.

Elisabeth DUGUÉ, Patrick NIVOLLE

La circulation des savoirs entre chercheurs, formateurs et professionnels. L’exemple du travail social

Cet article présente la circulation des savoirs dans le champ professionnel du travail social. Il définit les différentes formes de connaissances – savoirs détenus par les travailleurs sociaux, savoirs mis en forme par les disciplines scientifiques – et étudie les relations entre les différents acteurs (chercheurs, travailleurs sociaux et formateurs) participant à leur construction et à leur diffusion. L’articulation entre formation, recherche et action étant l’une des caractéristiques du travail social, les formateurs se trouvent au centre de la relation entre ces diverses formes de connaissances et au cœur des revendications (création d’une discipline scientifique) suscitée par le sujet.

Marc NAGELS

L’écriture du mémoire professionnel : un dispositif insu

Ecrire un mémoire professionnel à l’Ecole des hautes études en santé publique résulte de la rencontre d’une offre de formation à la méthodologie et d’attitudes caractéristiques d’une autoformation en contexte institutionnel. L’analyse de la relation pédagogique et de l’activité des apprenants montre que tout ne se passe pas comme prévu. Chacun transige avec les règles, mais les apprenants connaissent un développement cognitif et professionnel notable. C’est parce que ce dispositif est insu qu’il est efficace

Bruno LAMOTTE, Cécile MASSIT

Gestion des âges : de nouvelles logiques dans les marchés internes du travail

Les marchés internes du travail sont souvent analysés, depuis le début des années 2000, comme ce qui reste d’une gestion de la main-d’œuvre dépassée par les évolutions des marchés du travail. Par ailleurs, les indications d’une stabilité maintenue dans beaucoup de situations professionnelles ne manquent pas. L’article étudie ce paradoxe à partir de trois exemples pratiques, et propose des hypothèses concernant de nouvelles « bonnes raisons » au maintien de marchés internes du point de vue des entreprises. Il propose de concevoir différemment la notion de capital humain spécifique. Le marché interne serait avant tout le lieu de mise en relation des connaissances techniques théoriques et générales, souvent acquises à l’extérieur de l’entreprise avec les savoirs issus des expériences professionnelles acquises dans la durée de l’occupation d’un emploi.