Revue internationale de référence en formation des adultes fondée en 1969.

N°239

2024-2
Pratiques de médiation : agir, transformer, émanciper

21,50 23,00 

Daniel Migairou : Tiercéité du tiers et singularité du sujet : une dynamique de formation

La demande de formation, à la fois institutionnelle et personnelle, s’inscrit dans le discours actuel du travail, un discours de la performance, qui promet la compatibilité de l’adaptation et de la réalisation de soi. Dès lors qu’il s’autorise d’une position de tiers suffisamment tiers, le formateur peut faire médiation entre une logique d’objectivation de soi qui sous-tend ce discours et la dimension de sujet de la parole qui seule permet à la personne une élaboration de son expérience faisant fond d’une inventivité marquée du singulier.

L’auteure développe un questionnement sur l’utilisation et les effets des médiations relationnelles dans l’accompagnement en analyse de la pratique en formation d’adultes. Elle montre le rapport entre médiation et accompagnement en s’appuyant sur la technique d’art-thérapie et formule l’hypothèse qu’un accompagnement basé sur une triple posture d’écoute pourrait soutenir l’expression et la problématisation de la pratique dans des contextes institutionnels parfois contraints.

L’article débute par quelques considérations sur la médiation en regard de l’école, de l’enseignant et du handicap. Puis, il présente un dispositif de médiations qui concerne des adolescents victimes de graves traumatismes crâniens au moment où ils retrouvent une forme de scolarité. Ce dispositif, la zone proximale de refonctionnement (ZPR), s’appuie sur des objectifs, des principes, des outils et une structure qui sont décrits. Ces éléments sont mis en perspective pour concerner de façon plus générale la scolarisation de jeunes en situation de handicap.

L’auteur partage son expérience de formateur à l’expression théâtrale et poétique auprès d’étudiants éducateurs spécialisés. Son article est nourri par sa propre pratique d’éducateur spécialisé. Il donne à voir le contenu des ateliers proposés qui constituent un véritable travail de médiation reliant la question du sensible, au travers des émotions et de la parole, à la question sociale, au travers des interactions avec le groupe.

Le dispositif d’accompagnement à l’insertion professionnelle présenté s’inspire de l’enquête collaborative selon Dewey et s’appuie sur des médiations enchâssées qui soutiennent les enseignants novices dans leur processus d’autorisation. La médiation entre soi et autrui, basée sur la communication langagière, combine une médiation de nature technologique qui relie les espaces-temps du travail et de la formation. La deuxième médiation s’opère par l’investigation d’un objet d’enquête commun qui connecte les situations de travail singulières avec les ressources communes du métier. La troisième médiation relève d’un faire communauté qui articule les difficultés professionnelles spécifiques et génériques.

Cet article présente les résultats d’une recherche conduite à l’occasion d’une intervention en tant que musicothérapeute. L’objectif était de questionner l’apport spécifique de la musique dans la prise en charge de la douleur chronique : est-elle proposée comme « thérapie musicale » dans le cadre d’une musicothérapie de type fonctionnelle, ou comme médiation particulière dans le cadre d’une relation thérapeutique de type clinique ? Les résultats de cette recherche permettent d’éclairer les usages de la notion de médiation dans les champs éducatif et pédagogique, et de penser les rapports entre les objets médiateurs et le cadre relationnel qui les mobilise.

Issue d’une politique de démocratisation culturelle, la médiation musicale repose sur des caractéristiques propres de la médiation sonore et d’interactions liées à cette der-nière. Le propre rapport au son et à la musique du médiateur intervient dans ses interventions. L’article analyse trois parcours professionnels – une médiatrice musicale de concert en milieu scolaire, un musicothérapeute au sein d’une structure sociale, et un musicien intervenant dans le milieu social avec la mise en place d’orchestres – pour montrer comment le rapport au sonore provient de leur propre vécu musical, et combien leur rapport à la musique et au son guide leur posture professionnelle.

Cet article rend compte d’un dialogue entre le directeur d’une Scène nationale, dont le projet est de participer à la construction du lien social sur le territoire par l’art et la culture, et de la directrice d’un institut de recherche et de formation du travail social engagée sur ce même territoire dans des expériences plurielles culturelles et artistiques. La médiation, comme expérience sociale et sensible, est au cœur des projets pédagogiques, artistiques et culturels des deux institutions et vient signer une démarche commune au profit des enjeux collectifs de leur territoire.

Quels sont les éléments critiques de la médiation dans un dispositif d’accompagnement par l’écriture en formation ? Dans le cadre d’un groupe de recherches collaboratives, les auteurs identifient les principaux invariants, aux niveaux cognitif, relationnel et affectif, qui favorisent la conscientisation des savoirs d’expérience et la conceptualisation, à des fins d’émancipation et de reconnaissance sociale, dans un double souci d’efficacité et d’éthique.

Cette contribution propose une analyse de la valeur du conte en tant que dispositif de médiation en contexte d’hypermodernité. À partir de sa propre expérience professionnelle de conteur, l’auteur souligne l’importance de l’attention dans la transmission des valeurs éducatives. Il présente le contage comme un moyen de favoriser la résonance. L’étude se conclut sur l’importance que l’auteur donne à la transmission du savoir par l’oralité et à la reconnaissance de ce que Senghor défini comme étant la « raison intuitive ».

Une expérience scénique associant une clowne et un conteur donne l’occasion de présenter un potentiel de médiation à la rencontre de deux êtres sensiblement différents. Après avoir resitué cette configuration dans l’histoire des duos scéniques, les deux personnes qui le composent et ont écrit ce texte analysent leur mémoire et le recueil de ressentis du public pour conclure que le conflit sur scène peut être médiateur pour des rencontres authentiques dans la vraie vie.

Dans la lignée interactionniste de la didactique professionnelle, le système de « médiations interdépendantes » est mobilisé pour l’analyse des médiations lors d’une étude sur l’activité de conception de scénarios pédagogiques entre formateurs via un dispositif numérique. Il en ressort que les médiations numériques s’inscrivent dans les médiations humaines et sociales et qu’elles participent à l’élargissement du pouvoir d’agir des acteurs d’où des perspectives de conception et de formation.

À l’école élémentaire, la lecture offerte répond aux caractéristiques communes de la médiation. Elle semble néanmoins être insuffisante dans la modalité collective habituelle puisque certains élèves restent en retrait des livres quand ils sont en autonomie au coin lecture de leur classe. L’article présente les manières de faire de deux enseignantes qui prennent place au coin lecture dans un dispositif de lecture rapprochée et montre les effets émancipateurs de cette pratique sur l’attitude de l’élève.

Dans quel but former des accompagnateurs de transitions à une méthode d’entretien qui modélise une plasticité sensible ? Pourquoi ne pas plutôt les former à une méthode d’entretien qu’ils pourraient appliquer dans leur métier ? L’auteure présente ce qu’elle met en œuvre en formation et ce qu’elle entend par un rapport plastique à notre sensibilité qui soit propice à accompagner les transitions de vie tout comme à nous ajuster de manière durable et saine dans notre écosystème. Elle défend l’idée que la médiation, relais provisoire dont l’existence n’en est pas moins utile, est la modalité privilégiée pour retrover le chemin d’une plasticité sensible.

Cette contribution présente l’initiative d’un groupe de chercheurs de créer et développer un « Observatoire critique des transformations en éducation et formation des adultes » (projet OCTET-Lab). Elle s’inscrit dans une visée d’observation et d’analyse critique des transformations profondes qui affectent aujourd’hui le domaine de la formation et de l’insertion professionnelle : transformation du travail et des lois qui régissent le travail et la formation, transitions économiques, écologiques, démocratiques. L’article présente la manière dont les acteurs concernés conçoivent ce dispositif en portant une attention particulière à la place dédiée aux négociations de savoirs qui en constituent le cœur d’activité conçue dans l’ambition d’analyser les transformations en cours par un exercice de critique collectivement partagé.

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